Après le “NON” du référendum de 4 septembre 2022, le peuple chilien a voté ce dimanche 7 mai 2023 un conseil constitutionnel de 50 membres en vue de remplacer la constitution qui découle de la dictature du général Pinochet, considérée comme facteur de crise de la société chilienne.
Pour le deuxième processus de réécriture de la charte constitutionnelle, couramment appelée au Chili la “Carta Magna”, plus de 15 millions de chiliens ont voté 50 membres (25 hommes, 25 femmes) sur 350 pour travailler sur une nouvelle proposition de constitution élaborée par un groupe de 24 experts désignés par le Parlement afin de remplacer celle héritée de la dictature d’Augusto Pinochet.
Après dépouillement des bulletins, le Parti républicain, considéré comme extrême-droite, qui s’est opposé au début à une réforme de la Constitution, a remporté 35 % des suffrages, soit 22 sièges, contre 29 % pour la coalition de gauche soutenant le gouvernement de Gabriel Boric, soit 17 sièges, selon les données officielles. La droite traditionnelle quant à elle a obtenu 21 % des suffrages, soit 11 sièges. Le 17 décembre 2023, un référendum sanctionnera l’avant-projet.
Le 04 septembre 2022, les Chiliens avaient rejeté à 61,9 % une première proposition de la nouvelle Constitution, jugée la plus progressiste de l’histoire du pays, faite par la convention constituante du Chili, composée de 154 constituants.es. Celle-ci devait instaurer de nouveaux droits sociaux, notamment en matière d’éducation, de santé, de logement et surtout en matière d’écologie et de reconnaissance des droits aux peuples autochtones ou encore le droit à l’avortement.
Etant majoritaire dans le conseil, le Parti répulicain ultraconservateur qui est contre l’avortement, pourra mettre en véto tout amendement allant dans le sens du droit à l’avortement que reclament les féministes.
Le président de gauche du Chili, Gabriel Boric, qui a misé sur un oui massif lors du référendum de septembre 2022, mais qui n’a récolté que 38% de vote favorable à la proposition de constitution dite progressiste, a tout de même déclaré que le pays a une « occasion historique de se réconcilier » et que les résultats des élections seront respectés.
Ce long processus de changement de constitution trouve son origine dans les manifestations, les violences de rue d’octobre 2019, qui ont commencé par des protestations contre l’augmentation du prix des transports publics et ont déclenché la crise politique et sociale la plus grave de l’histoire depuis des décennies. En septembre 2020, plus de 78,3 % de l’électorat a voté en faveur de la rédaction d’une nouvelle constitution par le biais d’un plébiscite démocratique.
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