Alors que le Premier ministre Ariel Henry peine à retrouver le sol haïtien depuis son voyage au Kenya le jeudi 29 février 2024, ses alliés de l’international, dont la CARICOM, semblent lui exiger de démissionner du pouvoir. Ne pouvant pas atteindre l’aéroport international de Port-au-Prince à cause de la violence des gangs, Ariel Henry a fait un périple sortant du Kenya passant par les États-Unis jusqu’à Porto Rico, après un refus d’accès sur le sol dominicain le mardi 5 mars.

Le Premier ministre Ariel Henry est pris au dépourvu. Après que ses partenaires de la CARICOM lui aient suggéré de démissionner afin de trouver une issue à la crise, ce serait au tour des autorités américaines de lui faire cette injonction, selon un rapport du journal Miami Herald. On lui aurait demandé « d’accepter un nouveau gouvernement de transition et de démissionner. », lit-on dans le Herald.

Par contre, selon la porte-parole de la maison blanche Karine Jean-Pierre et le porte-parole du Département d’État américain, Matthew Miller, les Etats-Unis ne demandent pas à Ariel Henry de démissionner.

« Les États-Unis « n’appellent pas (Henry) ni ne le poussent à démissionner », précise Matthew Miller au CNN. « Nous l’exhortons à accélérer la transition vers une structure de gouvernance habilitée et inclusive », poursuit-il.

Selon l’Ambassadrice américaine auprès des Nations Unies, Linda Thomas-Greenfield : « Ce que nous avons demandé (à Henry), c’est d’avancer dans un processus politique qui mènera à l’établissement d’un président. Un conseil de transition qui mènera à des élections. », lit-on dans les colonnes du CNN.

Si le Premier ministre de facto refuse la suggestion faite par ses homologues caribéens de démissionner, entend-t-il rester au pouvoir jusqu’aux élections promises en août 2025? On ne connaît pas encore sa décision à l’heure actuelle suite aux exigences de ses supporteurs.

Le chef de bande Jimmy Chérizier, alias Barbecue, menace le pays d’une guerre civile et d’un génocide si le Premier ministre ne se retire pas du pouvoir.

Ariel Henry n’arrive pas encore à rentrer au pays après qu’une nouvelle coalition de gangs, « Vive Ansanm » dont Jimmy Chérizier est le porte-parole, ait pris le contrôle quasi-total de la capitale haïtienne et dit mener une “révolution” contre le pouvoir du Premier ministre. Ils ont pris d’assaut le pénitencier national puis ont libéré des milliers de prisonniers. L’aéroport Toussaint l’ouverture est la principale cible des groupes armés pour empêcher le retour du neurologue Ariel Henry.

Pendant que le Premier ministre reste en dehors du pays et passe sous les radars, l’opposition politique s’allie pour former un « conseil présidentiel » de trois personnes pour diriger le pays.

« Une nouvelle alliance politique impliquerait l’ancien chef rebelle Guy Philippe et l’ancien candidat à la présidence et ex-sénateur Jean-Charles Moïse, qui ont déclaré mercredi à Radio Caraïbes qu’ils avaient signé un accord pour former un « conseil présidentiel » de trois personnes pour diriger Haïti. », selon le site d’information L’actualité.

Ariel Henry depuis sa nomination et son installation après l’assassinat du Président Moïse le 7 juillet 2021, refusait systématiquement tout gouvernement bicéphale avec un président, voir un pouvoir collégial qui réduirait son plein pouvoir. Il a toujours été soutenu dans sa démarche par ses alliés de l’international, les Etats-Unis notamment. Au moment où Ariel Henry voit son pouvoir menacé, se ferait-il larguer par ses supporteurs qui penchent pour un conseil présidentiel ?