Le 7 mars 2025, conformément à l’accord du 3 avril, le Conseiller-Président Leslie Voltaire passe la main au Conseiller-Président Fritz Alphonse Jean pour le prochain quinquamestre, l’avant-dernier de cette transition à la présidence tournante.
Une rhétorique guerrière
“Nous sommes en guerre” est la toute nouvelle rhétorique du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) dans la lutte contre les groupes armés, prononcée par l’ancien gouverneur de la Banque centrale d’Haïti, l’économiste Fritz Alphonse Jean, dans son nouveau rôle de Président. « Notre pays est en guerre aujourd’hui et nous devons impérativement nous unir pour gagner cette bataille », déclare-t-il.
Après une première moitié du temps de ce conseil de transition sous la présidence d’Edgard Leblanc Fils et Leslie Voltaire, l’objectif de rétablir la sécurité pour la réalisation de la réforme constitutionnelle et l’organisation des élections générales semble être dans l’impasse.
Malgré la formation du Conseil Électoral Provisoire (CEP), la formation des BEC et BED, la réalisation des élections reste incertaine. Car de nouveaux territoires sont perdus sous ces récentes présidences du CPT, notamment Solino, Delmas 30 et Kenscoff entre autres.
De l’incapacité jusque-là démontrée des autorités à juguler l’ardeur criminelle des groupes armés, le Président sortant, Leslie Voltaire pensait que des élections générales pouvaient se réaliser sans l’agglomération de Port-au-Prince et le super-département de l’Artibonite. Incompréhension totale, pour certains, voire des cadres de son parti. Mais on comprend dans cette déclaration les promesses non tenues du Conseiller-Président, car aucune route stratégique n’a été libérée ; aucun quartier contrôlé n’ a été récupéré.
De son côté, dans sa première allocution, le représentant de l’accord de Montana salue le courage des populations des départements de l’Ouest et de l’Artibonite. Il pense qu’il est urgent d’agir pour restaurer la sécurité dans ces départements : « Il y a urgence, car les populations de l’Ouest et de l’Artibonite, pour ne citer que celles-là, requièrent des interventions concrètes et rapides de l’État pour se remettre des méfaits de la violence exercée sur elles. Nous tenons à saluer leur courage ».
Un budget de guerre
Le nouveau Président, Fritz Alphonse Jean annonce un budget rectificatif de guerre, l’augmentation de l’effectif des forces armées d’Haïti (FADH) et de la police nationale (3 000), accord entre la FADH et l’agence nationale des aires protégées (ANAP) afin d’engager le BSAP dans la lutte contre les groupes armés.
« La sécurité est notre plus haute priorité. Notre pays est en guerre aujourd’hui et nous devons impérativement nous unir pour gagner cette bataille. C’est pourquoi j’insiste sur un budget rectificatif de guerre […] sans action adéquate, les forces de l’ordre ne pourront mettre fin à l’insécurité », précise-t-il.
Le Conseiller-Président Fritz Alphonse rappelle les axes fondamentaux de la transition, à savoir la question sécuritaire, la gouvernance, le redressement économique et les élections.
Cette nouvelle rhétorique guerrière du CPT, va-t-elle répondre réellement au besoin de sécurité de la population ? La réalisation des élections au cours de cette année, serait-elle une victoire ? L’on se demande.