Du mois de mars au mois de novembre, plus de trois stations ont été la cible d’attaques armées. Ces événements malheureux perturbent la diffusion de l’information et ont un profond impact sur la bonne marche du journalisme haïtien. De plus, ils affectent non seulement les locaux et le matériel, mais aussi le quotidien de la communauté qui dépend de ces médias pour s’informer.
Radio Émancipation
Les locaux de Radio Émancipation FM ont été incendiés par des individus armés, le samedi 1er novembre 2025. Avant cela, ayant reçu des menaces, la radio a été contrainte de déménager en lieu sûr en décembre 2024. La station serait ciblée en raison du relais de l’émission « Ti Koze ak TT », présentée par Thériel Thélus. Ladite émission dénonce régulièrement les actions des groupes armés dans le pays.
Jean Renel Sénatus, ancien sénateur de la République et directeur de la station, a dévoilé son intention de ne pas rester les bras croisés face à la situation et a déposé une plainte auprès de la justice haïtienne. Premièrement, contre X, entité représentant des personnes non identifiées qui auraient des choses à reprocher à son université se trouvant dans le même bâtiment. Deuxièmement, contre l’État haïtien qui est également un complice de ces dérives, selon lui.
Radio Télévision Caraïbes (RTVC)
Quelques mois plus tôt, la RTVC, de son côté, a été attaquée par des membres de la coalition Viv Ansanm, dans la nuit du 12 au 13 mars 2025. Ils ont mis le feu au bâtiment situé à la rue Chavannes.
La Radio Télévision Caraïbes est la plus ancienne station de radio d’Haïti. Elle est active depuis plus de 76 ans, et avait déjà relocalisé une partie de ses activités à Pétion-Ville en juin 2024 pour des raisons de sécurité. Cependant, malgré cette précaution, la radio a enregistré des pertes matérielles importantes et a dû même interrompre certains de ses programmes.
Reporters Sans Frontières a condamné cette attaque, en soulignant le fait que cette agression témoigne de la croissance de l’insécurité qui pèse sur les journalistes et les médias dans un pays où l’emprise des groupes armés ne cesse d’augmenter avec le temps.
Selon cette même structure, l’incendie des locaux de la doyenne de la presse haïtienne représente un coup symbolique dévastateur pour ce média dont l’influence ne laisse plus la place au débat.
Mélodie FM
Dans le même contexte, tout comme la RTVC, Mélodie FM a également été attaquée par des bandes armées, dans la nuit du 12 mars 2025. Les locaux ont été endommagés, affectant du même coup le bon fonctionnement de l’institution. Située à la rue Capois, cette station de radio est la propriété du journaliste haïtien Marcus Garcia.
Télé Pluriel
Peu de temps après, les groupes armés ont attaqué les locaux de Télé Pluriel dans la nuit du 15 au 16 mars 2025, sis à Delmas 19. Ils ont vandalisé la station avant d’y mettre le feu. L’équipe de la chaîne a parlé de l’ampleur des pertes et de la difficulté d’accéder aux locaux à cause de la présence des groupes armés.
Télé Pluriel appartient à Pierre-Louis Opont et à son épouse, Marie Lucie Bonhomme. Le premier est un ancien directeur général du Conseil électoral provisoire d’Haïti, et la deuxième est une journaliste primée.
Conséquences pour les journalistes et les communautés
Ainsi, au-delà des dégâts matériels, ces attaques impactent directement la sécurité et la liberté des journalistes. Elles obligent certaines stations à fermer temporairement ou à se déplacer en hâte vers des zones plus ou moins stables. De ce fait, elles se retrouvent à fonctionner à capacité réduite, puisqu’elles ne disposent pas des mêmes installations que des locaux d’origine.
Cette situation crée un climat d’incertitude et donne lieu à penser que rien n’est à l’abri dans cette capitale majoritairement conquise par les groupes armés. L’accès à l’information devient de plus en plus fragile pour les personnes qui se fient surtout aux médias traditionnels.
Appels à la protection
Face à cette situation, le Comité pour la Protection des Journalistes et Reporters Sans Frontières a exprimé son inquiétude face à ces attaques. Ils appellent à la protection des journalistes et à des mesures concrètes pour prévenir des récidives.
Résilience de la presse haïtienne
Malgré tout, ces différents cas de figures illustrent la menace permanente qui pèse sur les médias en Haïti ainsi que la détermination des journalistes haïtiens à continuer leur travail. Même face à la violence, la presse n’est pas réduite au silence et continue à tourner avec les moyens du bord.
« Ils ont incendié nos locaux, ils ont détruit notre matériel… mais nous restons déterminés. Nous ne céderons pas aux pressions de ces voyous. », écrit le Directeur de la Radio Émancipation.
Les médias locaux restent un pilier fondamental pour la société haïtienne, garantissant un accès à l’information. Ils contribuent à la sécurité de la population dans un contexte où le peuple haïtien croise le danger à chaque coin de rue.





