Le Kolektif Jèn Solèy (KOJÈS) a rendu hommage à Inéma JEUDI, figure emblématique de la littérature contemporaine haïtienne d’expression créole, en lui attribuant le Grand Prix KOJÈS 2025 pour l’ensemble de ses œuvres. Cette distinction a marqué la clôture, le samedi 21 février, de la première édition du Festival Jèn Solèy, à la bibliothèque Pyepoudre, à Bourdon. Le collectif a également dévoilé les lauréats de la troisième édition de son concours épistolaire.
Un hommage à une plume engagée
Poète, journaliste et animateur culturel, Inéma JEUDI est reconnu pour ses œuvres remarquables qui allient diversité linguistique et témoignent d’une poésie qui saisie la réalité sociale et culturelle du pays par des mots justes. Ses œuvres traversent les langues. Avec des publications telles que : Gouyad legede (2009), 100 powèm pou Jòj Kastra, youn pou Danmbala (Éditions Ruptures, 2012) et Archel ou le poème de ton sein gauche (Éditions Ruptures, 2013), Inéma est incontournable. Son attachement à la langue maternelle transparaît notamment dans son recueil Krèy Bòbèch, où il fait preuve d’une grande maîtrise du créole Haïtien.

Remise des Prix aux gagnants du concours
Destiné à encourager l’expression écrite et à sensibiliser sur des enjeux sociaux majeurs, le concours épistolaire du KOJÈS a mis en avant trois grandes thématiques : Sécurité, Droits de la Femme et des Filles , et l’environnement.
À l’opposé du Prix du jury qui salut la créativité des participants, le prix public est choisi par le public qui est également invité à réagir sur les réseaux du KOJÈS.
Les trois lauréats choisi par le public: Thiérina Boucher, qui s’est distinguée par la puissance de son message et la finesse de sa plume, a été recompensée du prix public dans la catégorie « Droits des femmes et des filles » ; Rebecca Cherenfant, quant à elle, est lauréate pour la catégorie « Sécurité » et Fabien Cima pour « l‘Environnement« .

Le concours vise notamment à mettre en lumière les défis persistants de la société haïtienne et à encourager une mobilisation collective par le biais de l’écriture. Les participants, issus majoritairement de milieux populaires, ont livré des récits empreints de créativité et d’esthétique, donnant une voix à leur propre réalité existentielle.
Un festival sous le signe de l’expression et du partage
Placé sous le thème « Dire pour Exister« , le Festival Jèn Solèy 2025 s’est déroulé du 20 au 22 février, mettant à l’honneur les expressions culturelles et artistiques sous toutes leurs formes. Ce rendez-vous a été une véritable plateforme de rencontre intergénérationnelle, favorisant l’émergence de jeunes pousses de la littérature contemporaine Haïtienne, tout en rendant hommage aux figures incontournables.
Le festival a rassemblé un large éventail d’acteurs culturels, avec des conférences animées par des figures majeures. Parmi elles : Lyonel Trouillot, poète et romancier, il a animé une conférence autour du thème « Crise et transmission”, à la la Salle Monferrier Dorval, au local de C3 Éditions. Des jeunes comme: Carl Henry Burin, auteur du recueil de poème (Kwaze Leuit), Luis Bernard Henry (La Petite Fille Bleue) et Emmanuel Pacorme, poète, ont partagé leur vision et leur engagement en faveur de la création littéraire.

Les journées précédentes ont été marquées par : Une exposition de textes et dessins, d’Inéma JEUDI et des enfants de Cité Soleil; la projection du film « Le Voyage d’Esther », suivie d’un spectacle de Bazilik Patikola, Une journée littéraire spéciale dédiée aux œuvres d’Inéma, d’Adelyne Bonhomme et de René Philoctète.
Avec cette première édition, KOJÈS s’impose comme un acteur clé dans la promotion des jeunes talents et de la littérature en Haïti, prônant l’écriture et l’art comme des leviers essentiels pour raconter l’existence, revendiquer et construire un avenir plus juste.