La nouvelle administration américaine a annulé la prolongation de 18 mois du statut de protection temporaire (TPS) de plus d’un demi-million d’Haïtiens aux États-Unis. Cette décision, annoncée par la secrétaire à la sécurité intérieure, Kristi Noem, inquiète la communauté haïtienne en général dans un contexte où le pays fait face à l’une des pires crises de son histoire.
Le TPS pour les haïtiens prendra fin le 3 août 2025, annulant une prolongation précédemment accordée jusqu’au 3 février 2026. Alejandro Mayorkas, l’ancien secrétaire à la Sécurité intérieure sous l’administration Biden, avait prolongé le TPS en raison des crises économiques, sécuritaires, politiques et sanitaires en Haïti. La nouvelle administration considère cette prolongation comme injustifiée.
Le TPS accorde de la protection contre l’expulsion des ressortissants d’autres pays aux États-Unis, mais ce statut semble ne plus être conforme à la politique de la nouvelle administration qui fait de l’immigration une priorité gouvernementale.
Au cours de la première semaine de son mandat, Trump, après plusieurs décrets migratoires, a ordonné l’expulsion de quelque 7 300 personnes de différentes nationalités, dont des Haïtiens.
Par ailleurs, Trump a fait suspendre le programme de parole de libération conditionnelle humanitaire pour les migrants d’Haïti, Cuba, Nicaragua et Venezuela. Ce programme, mis en place sous l’administration Biden, permettait aux migrants de ces pays d’entrer légalement aux États-Unis pour des raisons humanitaires, offrant une protection temporaire et un permis de travail.
La suspension a été justifiée par des préoccupations de sécurité nationale et la volonté de protéger le pays contre une invasion massive de migrants, interrompant ainsi les nouvelles demandes et créant de l’incertitude pour les bénéficiaires actuels.
Selon le Miami Herald, des activistes, comme l’avocat en immigration Ira Kurzban et Guerline Jozef de Haitian Bridge Alliance, dénoncent cette décision comme dangereuse et raciste. « Supprimer six mois de protection alors qu’Haïti est confronté à une insécurité rampante et à une crise humanitaire n’est rien d’autre qu’une condamnation à mort.», déclare Jozef.
Ils soulignent que la situation en Haïti s’est aggravée, avec des groupes armés contrôlant jusqu’à 90 % de la capitale, Port-au-Prince, et forçant plus d’un million de personnes à fuir leurs foyers.
Des défenseurs des droits des immigrés prévoient de contester cette décision devant les tribunaux, tandis que la situation en Haïti reste critique malgré le soutien des États-Unis à une mission de sécurité multinationale dirigée par le Kenya, rapporte le Miami Herald.