Photo: Bob Pearson Agence France-Presse
La CARICOM, de concert avec des acteurs de l’élite politique, s’évertue à instituer un Conseil présidentiel de 9 membres comme réponse à la crise haïtienne. Malgré certaines critiques de la démarche de la communauté caribéenne, des personnalités représentant plusieurs secteurs sont déjà désignées pour former ce Conseil. Vu l’acharnement des acteurs impliqués dans la lutte pour la prise du pouvoir et la situation actuelle chaotique et anti-populaire, on saurait demander quand la transition de rupture tant réclamée par la population haïtienne se fera-t-elle ?
Après avoir passé plus de 24 mois à la tête du gouvernement provisoire sans résoudre aucun problème majeur que connaît le pays, Ariel Henry, Premier ministre (démissionnaire) désigné par Jovenel Moïse puis supporté par la communauté internationale, a été le principal protagoniste de cette logique transitoire. Assoiffé du plein pouvoir et soutenu par des vautours du dehors, il a toujours essuyé d’un revers de main toute proposition qui vise à réduire son pouvoir dans un cadre bicéphale. Retour de situation, on lui force la main pour se retirer et faire de la place à d’autres pour servir de plus grands intérêts, certainement inavouables. Mais un vif intérêt pour la réalisation des élections, dira-t-on comme toujours.
La transition n’est pas un fait nouveau dans la trajectoire politique du pays. Un constat : dans le sillage de chaque transition suit un gouvernement anti-populaire, meurtrier et non-souverain. Même ceux issus d’un processus électoral ne le sont pas moindre. Et la population, dans ses aspirations les plus profondes à la liberté, à un Etat de Droit qui saura rayer les inégalités sociales et enrayer pour de bon le développement économique, ne cesse d’exiger une transition de rupture pour partir sur de nouvelles bases.
La transition de rupture ce n’est pas un tour de passe-passe électoral, ni des coups d’acteurs ambitieux de pouvoir à tout prix. C’est une refonte totale du politique et de l’État. La transition de rupture comme solution à la crise ne passera certainement ni par la communauté internationale, ni par les élites politiques, mais par le peuple, c’est-à-dire, les gens de la paysannerie, des quartiers populaires, les petits commerçants, les masses laborieuses dans les sous-traitances… Car ce sont eux les premières victimes de la violence de l’État.
La volonté populaire de changer l’État reste intacte malgré les coups de massue de l’élite haïtienne (politique, économique, intellectuelle) et la communauté internationale par la violence des gangs. Elle est notre seule chance de sortie de crise.
N’en déplaise à la CARICOM et l’élite politique haïtienne de tout poil, ce n’est ni un club de 9 sages, ni un messi en disgrâce qui résoudra nos malheurs, mais la participation pleine du populaire.