Mardoché Louis, Marckenson Louis et Gesner Théodore sont morts derrière les barreaux de la prison civile de Jacmel au cours de la nuit du dimanche 19 au lundi 20 octobre 2025. Ce drame carcéral survient un mois environ après l’organisation des assises criminelles au tribunal civil de Jacmel. Seulement quatre cas sur vingt ont été entendus, faute de moyens budgétaires.
Selon Jean Jeudy, responsable d’un organisme de défense des droits humains, les trois décès sont liés à des complications médicales. D’après lui, Mardoché Louis a été le seul à être jugé et condamné, tandis que les autres sont restés emprisonnés sans procès. Malgré l’obligation de juger, cette année, les assises peinent à se réaliser par manque de financement pour diminuer la détention préventive prolongée.
« Les assises criminelles avec assistance de jury dans le département du Sud-Est sont très coûteuses », a déclaré Aumereau Lainé, doyen du tribunal de première instance de Jacmel.
« En décembre 2024, nous avions 15 cas à traiter, mais seuls 4 ont pu être entendus dans les assises criminelles avec assistance de jury, faute de moyens. Pour ces vacances judiciaires, nous aurions dû entendre 20, mais seulement 4 ont pu l’être compte tenu de notre budget », poursuit le doyen.
Dans l’intervalle, 47 détenus sont morts à la prison civile entre octobre 2024 et le 4 octobre 2025. Selon le responsable du Bureau d’assistance légale, Me Frantz Commonce, rien que pour le mois de juillet de cette année, 14 détenus sont morts. Pour lui, ces décès sont dus à un manque d’accès aux soins de santé, à la malnutrition et aux mauvaises conditions de détention.
Suivant les chiffres communiqués par Jean Jeudy, responsable de la Société Makaya, il y a 806 détenus à la prison civile de Jacmel. Parmi eux, 74 seulement sont condamnés. Les 732 autres sont en détention préventive prolongée. Il les a dévoilés lors de la rentrée judiciaire 2025-2026 aux micros de la presse. Déjà, dans un rapport de BACOP-Juridique publié en janvier 2024, les chiffres s’élevaient à 686, avec plus de 90 % de personnes en situation de détention préventive prolongée.
Déjà trois morts sont enregistrés pour l’année judiciaire 2025-2026. La surpopulation carcérale, la situation sanitaire et alimentaire à la prison civile de Jacmel deviennent préoccupantes, compte tenu des normes internationales de l’espace carcéral par détenu, fixées à 4,5 m². À Jacmel, comme dans d’autres prisons du pays, la détention préventive prolongée continue de tuer.





